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Prudence financière

Editorial La Presse

Tout au long de ces dernières années, et face à la complexité de la conjoncture économique, les banques tunisiennes, notamment publiques, ont été mises à contribution, apportant ainsi un soutien considérable au budget de l’Etat.

Aujourd’hui, l’on pense que nos banques publiques peuvent aller encore plus loin, à travers notamment une meilleure implication dans la politique nationale de développement social, une composante fondamentale dans la nouvelle démarche prônée par le Président de la République.

Certains observateurs estiment justement que l’implication du secteur bancaire dans les programmes sociaux reste encore faible et, surtout, loin de répondre aux exigences aussi bien actuelles que futures.

On pense certainement au programme de financement des sociétés communautaires, placé depuis quelque temps au cœur même des objectifs prioritaires de notre politique de développement.

D’ailleurs, en recevant, samedi dernier, la ministre des Finances, le Président de la République n’a pas manqué de rappeler toute l’importance de garantir «une meilleure association des banques publiques à l’effort de l’Etat pour la mise en œuvre de sa politique sociale».

De toute évidence, face à la timidité de nos finances et à la réticence, de plus en plus douteuse, des principaux décideurs financiers internationaux, une telle orientation est tout à fait légitime. Elle est même, pour certains, incontournable. Surtout que  le secteur bancaire tunisien, comme l’affirme l’agence internationale Fitch Ratings, «dispose de suffisamment de liquidités pour répondre aux besoins de financement du gouvernement en 2025».

Toutefois, malgré son caractère à la fois urgent et essentiel, la contribution des banques tunisiennes aux différents programmes de l’Etat doit tenir compte de certaines règles prudentielles, car leurs ressources ne sont pas illimitées. Loin s’en faut.

En effet, et comme on l’a déjà noté dans des éditions précédentes, un financement excessif et, notamment, imprudent, pourrait conduire à l’assèchement des liquidités de nos banques. Une éventualité qui donne, en elle-même, des frissons. Car ce n’est pas seulement la viabilité du secteur bancaire qui serait mise en question, mais aussi le comportement de toute notre politique socioéconomique qui serait, certainement, impactée.

Cela est d’autant plus vrai que les dernières dispositions de la Banque centrale de Tunisie, relatives à l’application par les banques tunisiennes de la réduction des intérêts sur les crédits à taux fixe, pourraient être, à moyen et long termes, lourdes de conséquences. Tout comme la décision d’allouer 8% des bénéfices annuels des banques aux PME sous forme de prêts sans intérêts ni garantie.

Face à un tel scénario, le secteur bancaire a besoin d’un nouveau modèle de fonctionnement qui lui permette de gérer et supporter le coût de tout éventuel risque de stress financier.

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